Côté pile nous avons Renée, 54 ans, concierge dans un hôtel particulier huppé de Paris. Côté face, Paloma, 12 ans, fille cadette des Josse, propriétaires – aussi fats que fortunés – de l’appartement situé au quatrième étage de cet hôtel.
Renée et Paloma. Deux femmes que tout ou presque sépare, si ce n’est une intelligence exacerbée, une envie commune de la dissimuler à leurs semblables et le regard aussi navré qu’exaspéré qu’elles jettent toutes les deux sur ces derniers.
L’Elégance du Hérisson – Muriel Barbery
Pour nous conter leur quotidien, leurs interrogations, leurs espoirs, Muriel Barbery manie la plume avec une éblouissante aisance, s’autorisant sans avoir l’air d’y toucher un style qui a marie élégance classique et légèreté contemporaine. Sur la forme donc, L’Elégance Du Hérisson est un véritable régal. Ne serait-ce que pour l’anecdote de la virgule, que je ne vous dévoilerai pas mais qui vaut à elle seul la lecture du livre.
L’histoire, elle, même si tout ne se finit pas « bien », pêche peut-être un peu par naïveté et excès de bons sentiments, mais le lecteur ne pourra que se prendre d’affection pour une vieille concierge bougonne et trop instruite et pour une petite fille pauvre d’être née trop riche. Il appréciera peut-être aussi l’analyse que fait l’auteure des affres dans lesquelles leur intelligence plonge ses deux héroïnes. Et il ne pourra contester la pertinence de l’analyse sociale à laquelle s’adonne Muriel Barbery sous couvert d’un roman qui, à l’instar de Renée, est peut-être moins anodin qu’il n’y paraît. Notamment lorsque Renée évoque son enfance et sa sœur aînée Lisette.
Vous l’aurez compris, voici mon premier gros coup de cœur pour 2016. J’attends le suivant avec impatience. La tâche de succéder à L’Elégance Du Hérisson dans mes lectures ne sera facile pour aucun auteur.
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