Dark Horse – Craig Johnson

Sous les apparences d’un banal polar, Dark Horse est un livre qui recèle un grand enseignement, une grande leçon.

99 - Craig Johnson - Dark Horse

Dark Horse – Craig Johnson

Pourquoi un polar banal, me poserez-vous comme première question ? Parce que des bouquins comme Dark Horse, il s’en écrit par centaines tous les ans et qu’aucun ne parvient plus à renouveler un genre dont toutes les ficelles possibles et imaginables ont été exploitées sans retenue.

Dark Horse est un polar banal donc parce qu’il accumule sans vergogne les poncifs du genre.

Au niveau des personnages pour commencer. Nous avons comme héros Walt Longmire, le shérif d’une petite bourgade du Wyoming, intègre mais solitaire et un peu « de guingois ». Walt a une épouse qui, pour des raisons inconnues, répond aux abonnées absentes. Une fille aussi, Cary, avec laquelle il a encore des contacts, mais qui vit loin de son père et qui semble avoir été durement éprouvée par la vie et par ses relations avec les hommes. Enfin, pour compléter la galerie, il faut ajouter une adjointe qui ne laisse pas son supérieur indifférent mais avec qui ce serait vraisemblablement « compliqué »…

Au niveau de l’intrigue ensuite. Un ranch ravagé par un incendie nocturne. Le corps du propriétaire retrouvé criblé de balles dans les décombres. Une épouse qui vivait sous la coupe du mort et que des preuves trop évidentes au goût de notre héros accusent du crime.

Et enfin au niveau du dénouement. Un dénouement qui permet à une intrigue devenue un brin tarabiscotée de « retomber sur ses pattes » au prix d’un classique grand n’importe quoi en termes de vraisemblance… Bref un dénouement à la « 6-4-2 » comme en connaissent la plupart des polars contemporains.

Qu’il s’agisse des personnages, de l’intrigue, du dénouement ou encore de l’ambiance ou des décors, tout rend la lecture de Dark Horse épouvantablement fastidieuse. En plus d’être stéréotypés à l’extrêmes, les personnages semblent creux. Ils manquent cruellement de relief et leurs caractères, à peine ébauchés, peinent à inspirer une quelconque sympathie au lecteur. L’intrigue, nébuleuse à souhait, semble quant à elle tenir à une seule constante : laisser le lecteur hors du coup, comme sur le bas-côté d’une route que seuls pourraient emprunter les initiés que sont les personnages du livre. Les non-dits et les sous-entendus sont légion. Ils rendent atrocement difficile la compréhension de l’histoire. Alors pourtant qu’il ne se passe pas grand-chose, que du contraire ! L’intrigue est menée avec tellement de molesse qu’on s’ennuie ferme. Sans pour autant, et c’est ça qui est prodigieux, y comprendre quoi que ce soit. Je ne reviendrai même pas sur le dénouement biscornu que connait l’intrigue. Les morts qui reviennent à la vie, c’est acceptable dans les histoires de goules et de zombies, mais pas dans les polars. (J’avoue, j’exagère un peu, mais je ne suis pas excessivement loin de la farce que met en scène Craig Johnson pour boucler son roman en disant ça.)

Bref, la lecture de Dark Horse m’a profondément emm… euh… ennuyé. Et pour être honnête, il n’a pas fallu longtemps à cet ennui pour s’installer. Après quelques dizaines de pages seulement, j’avais compris que la lecture de ce bouquin n’allait pas être une sinécure ! Et rien au fil de ses 400 pages, n’est venu détromper cette funeste première impression !

Alors, me demanderez-vous, quel enseignement, quelle leçon recèle ce livre par ailleurs si assommant ? Cette leçon, fondamentale pour tout lecteur, est simple. La voici… Choisir un livre en se laissant tenter par une photo de couverture bien ficelée (vous avouerez qu’elle a du chien, cette tête de cheval dans la pénombre), c’est mal. C’est très mal même. Et croyez-moi, la punition a été à la hauteur !

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