Certains Souvenirs – Judith Hermann

L’année 2017 se terminera de manière quelque peu originale pour moi. Avec un livre qui ne paraîtra en français que… le 3 janvier prochain !

C’est grâce à Babelio – que je remercie au passage – et au programme « Masse Critique » que j’ai pu découvrir en avant-première Certains Souvenirs, un recueil de nouvelles de l’écrivaine allemande Judith Hermann.

75 - Judith Hermann - Certains Souvenirs

Certains Souvenirs – Judith Hermann

Les « souvenirs » qu’évoque Judith Hermann au fil des 17 courtes nouvelles dont se compose Certains Souvenirs sont ceux d’une rencontre, du passage de l’autre dans notre vie, des traces que laisse inévitablement ce passage.

Au fil de ces souvenirs, Judith Hermann évoque différentes scènes de la vie quotidienne. Un moment au restaurant, la visite d’une fille à son père, un couple stérile qui décide d’adopter un enfant… Des scènes simples, pour ne pas dire banales, teintées d’une mélancolie douce et nimbées d’un léger onirisme. De cette mélancolie, de cet onirisme se dégage un sentiment diffus de détachement par rapport à la réalité, comme si les différents protagonistes n’étaient pas vraiment conscients de leur propre présence. Ou comme s’ils n’investissaient pas tout à fait le réel et restaient en retrait de leurs actes, abrités derrière leurs pensées.

Judith Hermann écrit avec une plume que j’ai trouvée paradoxale. Une certaine douceur accentue imperceptiblement la mélancolie et l’onirisme que je viens d’évoquer mais les récits trébuchent fréquemment, viennent se briser sur des mots durs, des mots secs. Des mots comme « casser », « pédés », « bousillé », « péter la gueule », « pute ». Des mots qui semblent hors de propos et qui contrastent tant avec l’impression de douceur qui émane sinon du texte qu’avec le désengagement des personnages. Le procédé est pourtant trop récurrent pour n’être pas délibéré, ces cassures revenant dans toutes les nouvelles ou presque. Je n’ai pas ressenti – et encore moins compris – l’effet que Judith Hermann cherchait à susciter chez le lecteur. J’ai trouvé ces mots inutiles, sans intérêt.

J’ai également peiné à entrer des les univers créés par l’écrivaine. A cause de leur banalité tout d’abord. Mais aussi à cause de la brièveté de chaque nouvelle, trop courte pour parvenir à créer quoi que ce soit de suffisamment fort pour retenir le lecteur. Ni les personnages, ni les sentiments qu’il ressentent ou inspirent, ni les ambiances n’ont retenu mon attention. A l’exception de celle qui a donné son titre au recueil et dans laquelle une vieille dame évoque, devant sa jeune locataire, un drame qui l’a marquée quelques 50 ans plus tôt, toutes les nouvelles m’ont inspiré un ressenti unique, mélange d’incompréhension et d’ennui. Une incompréhension et un ennui surtout, qui, de nouvelle en nouvelle, n’ont cessé de croître. A tel point que la lecture des dernières nouvelles m’a réellement été pénible. Le style également, m’a horripilé de plus en plus, et particulièrement cette utilisation de la virgule, plutôt que du tiret ou des guillemets, pour introduire un discours direct…

Dès lors, de deux choses l’une. Soit j’ai, comme à mon habitude, buté sur le côté trop poétique du texte et je n’y ai rien compris. Ce ne sera ni la première, ni la dernière fois… Soit j’attendais trop de ces promesses de rencontres, d’échanges avec l’autre et la déception est à la mesure de mon attente.

Ni dans un cas ni dans l’autre cette lecture – que je résumerai en deux mots : fastidieuse et dispensable – ne fera date pour moi…

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