L’Art Français De La Guerre – Alexis Jenni

A l’instar de Victorien Salagnon et de ses frères d’armes, embourbés loin de chez eux dans deux conflits sans issue ni justification (la guerre d’Indochine et celle d’Algérie), je me suis retrouvé englué dans L’Art Français De La Guerre et j’ai eu toutes les peines du monde à m’extraire de ce bourbier littéraire.

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L’Art Français De La Guerre – Alexis Jenni

Véritable archétype du prix Goncourt, le roman d’Alexis Jenni cumule tout ce qui m’horripile dans la littérature française contemporaine. Un style fat et suffisant. Des tournures de phrases tarabiscotées prouvant certes que leur auteur maîtrise les arcanes du français mais qui n’ont ni le panache ni la fluidité des grands auteurs. (J’ai commencé en parallèle Les Misérables ; quelle leçon aurait à prendre Alexis Jenni auprès de Victor Hugo !). Une thématique que l’auteur maintient volontairement dans une certaine absence de clarté. Des concepts fumeux d’intellectuels de salon qui échappent à l’entendement de l’humble lecteur que je suis.

A côté de cela, il y a une certaine approche des deux sales guerres dans lesquelles la France s’est retrouvée empêtrée dans la seconde moitié du XXe siècle. Mais l’histoire de Victorien Salagnon est noyée dans un tel fatras d’élucubrations qu’elle en devient presque secondaire. Sans parler de la construction en diptyque du livre, avec le « roman » d’une part, qui relate les faits d’armes de Salagnon en Asie du Sud-Est et en Afrique du Nord et des « commentaires » d’autres part, qui sont le fait d’un narrateur plus jeune, élève du Salagnon dessinateur et qui n’ont qu’un vague rapport avec l’autre pan du roman et surtout pas le moindre intérêt. Comme l’association de la notion de race, qui sert peut-être de prétendu fil conducteur au récit et que l’auteur assimile – je ne sais trop pourquoi… – à un pet. (Peut-être avait-il l’intention de sous-titrer son ouvrage « Race et pet », ce qui aurait été un amusant clin d’œil à la littérature russe, mais ça a – heureusement – été refusé l’éditeur. Nous ne le saurons jamais…)

Reste, après avoir nettoyé le roman de toutes ces scories, une vague histoire d’amour, compliquée, sur fond de deux interminables conflits. Entre un soldat à jamais marqué par les horreurs qu’il a dû commettre. Et une jeune femme mal mariée qui attend que ces guerres empirent pour se rapprocher de celui qu’elle aime.

Comme dans tous les Goncourt empesés, il y a aussi l’un ou l’autre évitable scène de sexe. Qui témoigne, sous un vernis intellectualisé (ça donne de la respectabilité à bon compte…), des mêmes excitations, chez l’auteur et chez ceux qui ont couronné son œuvre, que celles d’un adolescent prépubère. On pardonne à celui-ci. Sa fougue et son inexpérience l’excusent. On trouvera par contre ceux-là légèrement pathétiques qui s’émeuvent en écrivant « fesse » ou « bite ». Ou plutôt, Goncourt oblige, « vit ».

L’Art Français De La Guerre est donc à mes yeux un roman prétendument intellectuel, idéal pour se gargariser dans des salons huppés mais au final terriblement vain. Et, plus encore que vain, épouvantablement indigeste.

Plus d’une fois j’ai failli renoncer. Seul mon obstination, idiote au demeurant, à achever les livres que j’entame m’a poussé à perdre stupidement mon temps avec cette mauvaise farce. Dont acte.

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