Un Lit De Ténèbres – William Styron

Alors que le convoi funèbre remonte lentement du port vers la ville, Milton, le père de la jeune défunte, se souvient. Il repense à sa vie. A son mariage avec Helen. Aux circonstances qui, progressivement, les ont éloignés les uns des autres, parents et enfants, jusqu’à réduire à néant toute idée de famille. A la mort de Maudie, leur première fille informe. Au long cheminement qui a conduit leur deuxième enfant, qu’ils mènent aujourd’hui dans sa dernière demeure, à sa suicider dans des circonstances sordides.

Avec Un Lit De Ténèbres, son premier roman, William Styron explore les liens qui unissaient les membres de la famille Loftis et les événements qui les ont fait voler en éclats, comme le puritanisme et l’intransigeance exacerbés d’Helen ou les infidélités de Milton envers elle.

99 - William Styron - Un Lit De Ténèbres - 1

Un Lit De Ténèbres – William Styron

La souffrance et le mal-être de tous les personnages revêtent des formes différentes, mais semblent à chaque fois infinis, comme pour témoigner de leur complète incapacité à affronter la vie ou même à prétendre au moindre instant de bonheur.

Cette approche très sombre des relations humaines, de la vie, auraient pu conférer au roman de Styron une exceptionnelle puissance dramatique. Mais l’auteur, manquant peut-être alors de maturité (il avait vingt-cinq ans quand il a écrit Un Lit De Ténèbres), s’englue très rapidement dans une trame décousue, où le passé et le présent se mêlent dans un torrent d’élucubrations absconses. La chronologie est lâche. Les relations entre les différents personnages sont floues. Le style est gratuitement alambiqué, notamment dans la dernière partie du roman, avec des phrases qui s’arrêtent abruptement, comme amputées, sans que le lecteur parvienne à comprendre l’intérêt du procédé.

Torturé et décousu depuis le début, le récit devient même complètement halluciné dans sa deuxième moitié, lorsque le lecteur tente – mais en vain…– de suivre la jeune Peyton dans les moments qui ont précédé son suicide.

Aucun des personnages d’Un Lit De Ténèbres ne m’a inspiré la moindre sympathie. Je suis resté totalement indifférent à leurs souffrances, à leurs échecs, à leur impuissance à vivre.

Il m’aura fallu de longs, de très longs mois, pour venir à bout d’Un Lit De Ténèbres, que j’ai régulièrement délaissé pour d’autres lectures moins pénibles.

Le premier roman de William Styron restera gravé dans ma mémoire comme l’un des livres qui m’auront donné le plus de fil à retordre pour en venir à bout. La vie étant courte, j’aurais mieux fait d’user de ce droit de ne pas finir un livre que Daniel Pennac concède au lecteur. Mais je préfère n’en user qu’avec une extrême parcimonie, même si le prix à payer est parfois élevé. Comme en l’espèce…

Cet article a été publié dans Contemporain, Drame, Etranger. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour Un Lit De Ténèbres – William Styron

  1. Ping : Les bonnes surprises et les déceptions de 2021 | L'Ivre Lecteur

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.