L’Oeuvre – Emile Zola

Héros de Germinal, Etienne Lantier, l’un des fils de Gervaise, rencontrée dans L’Assommoir, cède la place, dans l’Oeuvre, à Claude, son frère aîné.

Avec ce quatorzième tome des Rougon-Macquart, Emile Zola poursuit son analyse sociale et naturelle d’une famille sous le Second Empire, s’intéressant cette fois aux arts et décrivant le destin d’un peintre maudit, que son œuvre finira par engloutir.

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L’Oeuvre – Emile Zola

Dès les premières pages du roman, le lecteur comprend que Claude ne vit que pour la peinture. Rien, en dehors de celle-ci, n’a d’importance à ses yeux. Une femme, Christine, fera bien irruption dans sa vie. Elle le distraira un peu de son obsession, réussissant à découvrir l’homme qui se cache derrière l’artiste. Leur bonheur sera de courte durée. Claude, que ses démons n’ont jamais véritablement lâché, ne tardera pas à sacrifier sa femme à sa véritable maîtresse, la peinture.

Des spasmes de lucidité, des éclairs de conscience, agiteront encore Claude, l’éloignant de son œuvre et de ses excès. Mais ils seront de plus en plus rares, de plus en plus brefs. Comme un alcoolique sombrant dans la boisson, il s’enfoncera dans l’art pictural, poursuivant l’accomplissement d’une œuvre chimérique, sans espoir de retour…

Jalouse de cette peinture qui lui vole son homme, Christine l’encourage pourtant dans cette passion devenue vice. Quand Claude se perd dans son œuvre et oublie tout ce qui l’entoure, elle tente de lui ouvrir les yeux, pour qu’il la revoie, elle, et pour que cesse son délire. Dès qu’il s’éloigne de ses pinceaux et qu’il revient à la réalité, son cœur d’épouse se brise de le voir si malheureux. Ne voulant que son bonheur, prête à y sacrifier le sien, Christine joue malgré elle son rôle dans ce funeste ménage à trois. Elle croit pouvoir vaincre la maîtresse, mais celle-ci reprend inexorablement le dessus, reléguant l’épouse au rang d’ombre, de servante, l’une et l’autre poussant l’artiste vers le gouffre de la création qui finira par l’engloutir.

Dans ce roman noir et désespéré, où la ruine finale ne fait dès le départ aucun doute ou presque, Emile Zola évoque une passion dévorante. Qui devient obsession. Puis folie. Le milieu artistique qu’il dépeint est sombre, parce qu’en plus d’être obnubilé par son œuvre, l’artiste est aussi égoïste. ne vivant que pour une œuvre impossible à achever, tout en restant conscient qu’il risque ainsi la mort, la sienne, mais aussi celle de sa femme et de Jacques, leur fils.

016 - Emile Zola - L'Oeuvre - 2 - Pléiade - Rougon-Macquart

L’intégrale des Rougon-Macquart dans la Bibliothèque de la Pléiade

Même si c’est à un degré qui m’a semblé moindre, L’Oeuvre est, comme Le Ventre De Paris notamment, un roman très descriptif. Pour lui donner plus de consistance, Emile Zola y décrit longuement l’univers de l’artiste, le monde dans lequel il évolue, détaillant les couleurs qu’il utilise, les textures de ses toiles, les perspectives qu’il choisit.

Ces descriptions ne sont pas sans vertus, mais l’auteur cède parfois un peu trop à ses penchants naturalistes. Il leur accord trop de place, au détriment des caractères ou de l’action. Les premiers passent au second plan quand ils semblaient devoir s’affirmer, la seconde souffre d’un rythme parfois inégal. Et l’ouvrage en ressort, m’a-t-il semblé, quelque peu déforcé.

L’Oeuvre m’a semblé inégal, puissant roman à certains moments, récit qui tire en longueur à d’autres. Il n’en demeure pas moins un ouvrage remarquable, malgré ses faiblesses, dans la série des Rougon-Macquart. Une série qui se poursuit avec La Terre, dont le protagoniste est Jean Macquart, fils d’Antoine Macquart et de Joséphine Gavaudan et frère de Lisa et de Gervaise.

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