Après La Chute Des Géants, Ken Follett poursuit sa traversée du XXe siècle avec L’Hiver Du Monde. Ce deuxième tome de la trilogie débute en 1933, en Allemagne, où nous retrouvons Walter Von Ulrich, son épouse Maud, la sœur de Fitz, et leurs deux enfants, Erik et Carla.
En 1933, la frêle démocratie allemande vacille sous les coups de plus en plus violents que lui portent Hitler et ses partisans. Des heures sombres s’annoncent, au cours desquelles l’Europe deviendra le théâtre du plus sanglant conflit de tous les temps.
La Chute Des Géants m’avait passionné. L’Hiver Du Monde, m’a semblé être un cran au-dessus encore. Le récit, même romancé, que Ken Follett fait de la deuxième guerre mondiale et des atrocités commises par les nazis à l’encontre de toutes les personnes jugées « impures » (les Juifs, les homosexuels, les communistes…) m’a glacé. Monh sang s’est figé à plusieurs reprises. Que ce soit face à la mise à mort de Jorg, l’ami de Robert Von Ulrich. Face à l’extermination, dans le cadre de la tristement célèbre « Aktion T4 », des handicapés et des personnes dont la charge était jugée trop coûteuse pour la société. Ou encore face aux massacres de civils simplement parce qu’ils avaient le malheur d’appartenir à l’autre camp.
A chaque fois, j’ai senti que je m’effondrais intérieurement devant tant d’abjection. Parce que c’était il y a moins d’un siècle que des hommes ont planifié l’extermination méthodique de certains de leurs semblables pour des questions de race, de religion, d’orientation sexuelle ou de rentabilité.
Je voulais cette lecture délassante. Elle l’a été, car Ken Follett marie habilement fresque romanesque d’envergure et cadre historique solidement documenté. Même si les héros de L’Hiver Du Monde sont pour la plupart fictifs, les épisodes auxquels ils prennent part ont tous réellement eu lieu. Comme la façon dont l’Eglise – en la personne du cardinal Clement August von Galen – s’indigna devant l’Aktion TA et parvient à en obtenir l’arrêt, du moins à titre officiel. Ou encore comme l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais, que l’auteur reconstitue minutieusement tout en parvenant sans aucune difficulté ni aberration à y faire évoluer ses héros de fiction.
C’est avec plaisir que j’ai traversé cette période pourtant dramatique qu’est la deuxième guerre mondiale en compagnie des enfants de Maud et de Walter, de Fitz, de Bea, d’Ethel et de beaucoup d’autres. Cette traversée m’a aussi pesé par moments, malgré une certaine habitude du sujet, tant Ken Follett reconstitue les faits avec précision et justesse tout en leur donnant une dimension romanesque qui en accentue la dureté sans jamais pourtant verser dans le mélodrame. (J’avouerai que certaines amourettes m’ont parfois un peu fait soupirer, mais ce n’est qu’un détail au vu des quelques mille pages que compte le roman.)
Je pourrais faire un long, un très long résumé de L’Hiver Du Monde, tant la fresque est vaste et la reconstitution historique d’envergure. Et tant il y a à écrire sur l’infinie capacité de l’homme à faire le mal. Mais cela n’apporterait pas grand-chose de neuf et risquerait de vous gâcher le plaisir de lire cette trilogie magistrale qu’est Le Siècle.
Si mon billet sur La Chute Des Géants ne vous avait pas totalement convaincu, n’hésitez plus ! Plongez-vous dans cette grande et brillante histoire du XXe siècle. Je suis convaincu que vous ne le regretterez pas, tout comme je suis convaincu de ne pas être déçu par le dernier volet de la saga, Aux Porte De L’Eternité.
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