C’est sur fond de guerre froide et de lutte des Noirs américains pour l’obtention de leurs droits civiques que Ken Follett, avec Aux Porte De L’Eternité, clôture sa vaste saga sur le XXe siècle, entamée avec La Chute Des Géants et poursuivie avec L’Hiver Du Monde.
Ken Follett reste un conteur de talent, doublé d’un historien solidement documenté. Il parvient, même si c’est en les romançant, à rendre intéressants des épisodes politiques majeurs de la seconde moitié du XXe siècle comme la crise des missiles à Cuba, le printemps de Prague ou encore les assassinats de JFK, de son frère Robert ou de Martin Luther King.
Malgré cela, j’ai eu l’impression que ce troisième épisode du Siècle était peut-être celui de trop. La trame du récit m’a semblé se déliter assez rapidement. La guerre froide et le mouvement américains des droits civiques, malgré leur importance et leur complexité, n’ont pas l’intensité des deux conflits mondiaux, qui servaient de toile de fonds aux diverses intrigues des deux premiers opus de la saga. De temps à autres, le récit m’a paru se répéter ou tirer en longueur et s’essouffler.
A cela s’ajoute également une forme de dispersion, de délitement familial. Aux personnages de La Chute Des Géants ont succédé leurs enfants dans L’Hiver Du Monde, qui ont eux-mêmes pour cédé la place à leurs propres enfants. Cette troisième génération de protagonistes m’a semblé plus floue que les deux précédentes. Moins intéressante aussi dans la plupart des cas. Ce qui explique probablement que j’ai plus d’une fois peiné à me souvenir de qui était qui, de qui tel ou tel personnage était le fils, la fille.
Parallèlement, les intrigues amoureuses m’ont semblé tenir une place beaucoup plus importante dans ce troisième épisode. Peut-être, justement, parce que les événements mondiaux ayant moins d’intensité, l’auteur s’était senti obligé de compenser d’une manière ou d’une autre.
Dans l’ensemble, Aux Portes De L’Eternité n’est pas un mauvais bouquin, mais il est clairement en retrait sur les deux premiers épisodes et il conclut malheureusement la trilogie sur une note mineure. Vous pouvez sans hésiter vous ruer sur La Chute Des Géants et sur L’Hiver Du Monde, mais Aux Portes De L’Eternité ne me semble pas indispensable.