Adrienne Mesurat – Julien Green

La villa des Charmes, la demeure familiale des Mesurat, porte bien mal son nom. Entre un père autoritaire et pétri d’habitudes et une sœur aînée souffreteuse et hypocondriaque, la jeune Adrienne s’y ennuie à mourir. Son quotidien, morne et insipide, s’écoule avec une lenteur désespérante, sans que rien semble pouvoir venir le bouleverser.

Le cœur et l’esprit à la dérive, Adrienne rêve de liberté. Et plus encore d’amour. Alors qu’elle l’a seulement aperçu au loin et qu’elle ne sait rien de lui ou presque, elle se prend d’une violente passion pour le docteur Maurecourt. Des fenêtres de la villa des Charmes, elle surveille ses allées et venues et rêve de le rencontrer, au hasard de ses rares sorties.

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Adrienne Mesurat – Julien Green

Lorsque son père découvre les sentiments de sa fille, il les considère comme des fredaines sinon comme de la légèreté de mœurs et restreint aussitôt ses maigres libertés, la confinant à la villa et ne l’autorisant plus à sortir qu’en sa compagnie.

La jeune fille, déjà fragile, vacille en voyant ses dérisoires perspectives d’amour lui échapper. Même si les relations entre les deux sœurs étaient souvent tendues, le départ inopiné de Germaine survient au pire moment et perturbe encore plus un caractère déjà propice à l’instabilité. Ne rêvant plus que de se libérer du joug familial, elle tue son père en le poussant du haut des escaliers…

Une amitié mal placée achèvera de précipiter la malheureuse Adrienne dans la folie…

A côté de son volumineux journal, Adrienne Mesurat est l’une des œuvres les plus connues de Julien Green, auteur américain de langue française occupant une place majeure dans le paysage littéraire du XXe siècle.

Roman psychologique à l’ambiance pesante, Adrienne Mesurat brosse le portrait d’une jeune fille fragile, qui, à cause de son entourage, finira par perdre la raison. L’auteur y évoque aussi les faux-semblants d’une vie bourgeoise apparemment paisible, mais derrière les apparences de laquelle se cachent bien des médiocrités et des vilenies.

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Ma lecture du roman dans la Bibliothèque de la Pléiade

Le roman m’a pourtant paru d’une intensité moindre que d’autres œuvres de Green, notamment Mont-Cinère ou encore – lecture de jeunesse qu’il me faudra refaire – Moïra. Peut-être parce que l’action d’Adrienne Mesurat se déroule dans une maison bourgeoise d’une petite ville française et non dans de grandes demeures américaines dont l’isolement accentue encore la désolation dans laquelle semblent baigner les protagonistes.

La disparition soudaine de Germaine, personnage pourtant central dans la première partie du récit, m’a également semblé étrange. Elle joue certes un rôle dans la funeste marche d’Adrienne vers la folie, mais elle n’est suivie d’aucune véritable explication, laissant de facto le lecteur un peu sur sa faim.

Un roman intéressant donc, au climat familial très lourd, mais qui ne me semble pas nécessairement le meilleur pour aborder l’univers de Julien Green.

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